Ce terme ne vous dit peut-être rien, pourtant vous passez souvent à côté de bâtiments brutalistes qui ne laissent habituellement pas indifférents. En effet, le brutalisme nomme le mouvement architectural né dans les années 50 et rendu populaire en France grâce au travail de Le Corbusier, dont l’exemple le plus parlant est la Cité Radieuse. En matière d’architecture, il fait la part belle au béton brut (d’où le terme de « brutalisme ») et à la répétition, notamment en ce qui concerne les fenêtres. Ce courant brutaliste s’est également emparé de la déco d’intérieur ; elle peut ressembler au rough luxe que j’avais traité dans cet article, ainsi qu’au wabi sabi, même si des différences notables peuvent être observées.
Les grands principes du brutalisme
Ce courant a gagné l’intérieur des habitations dans les années 50 et consiste à laisser les murs (et même les objets) en béton brut pour que la pureté des lignes et des formes soit respectée et mise en valeur. Même si le béton était l’élément incontournable en architecture, le brutalisme s’étend à d’autres matières dans la déco d’intérieure : le bois, la brique, le verre, la céramique et le métal sont travaillés pour obtenir des formes brutes aux lignes pures. Ce qui le différencie du wabi-sabi, c’est qu’il n’y a pas de notion « d’authentique », mais bien d’« état brut ».
Une inspiration sans limites pour les artistes
Si les intérieurs aux murs totalement nus, à savoir : sans peinture ou sans papier peint, ils n’en restent pas moins dénués de chaleur. Et c’est là que les designers interviennent. Pour le mobilier, des pièces en général assez imposantes ; il s’agit de grands fauteuils en béton ou en bois, de grands canapés bas en cuir et des tables basses travaillées avec de la céramique et des buffets imposants si on choisit de s’offrir une pièce d’un créateur des années 50. Des designers continuent de réaliser divers objets en suivant cette logique, s’inspirant des modèles des années 50 ; d’autres préfèrent travailler la matière et mettre littéralement en évidence son aspect « brut de décoffrage ». Il est d’ailleurs intéressant d’observer la façon dont les designers des années 50 interprétaient le brutalisme par rapport aux designers contemporains : ces derniers sont plus tournés vers la pureté de la ligne de l’objet même dans l’éclatement des formes proposées (inspirés par le déconstructivisme, autre courant architectural des années 20 ; si vous voulez en savoir plus sur le déconstructivisme, regardez la brève définition de Wikipédia en suivant ce lien : https://fr.wikipedia.org/wiki/Déconstructivisme), alors que leurs prédécesseurs associaient plus souvent ce même éclatement de façon plus « organique » (fidèles à la définition de Le Corbusier qui considérait le brutalisme comme « le romantisme du mal foutu »), comme Alexandre Noll (photo ci-dessous), Pierre Chapo ou encore Paul Evans par exemple.
Un style audacieux et pointu
Si ce style de décoration vous tient au corps ; parce qu’il est élégant et exigeant, sachez qu’il ne tolère en aucun cas la médiocrité. En effet, chaque meuble est une œuvre d’art à lui seul. L’espace doit être grand lorsqu’il s’agit d’un salon par exemple, et aucun objet ne doit être superflu. C’est un style qui représente pour moi l’essence du design contemporain ; exigeant une connaissance pointue, accessible à ceux qui se donnent la peine de s’y intéresser…avec néanmoins un compte en banque conséquent !